Résultats 2023 : la Sacem poursuit sa transformation, renforce sa mission d’accompagnement et de protection vis-à-vis de ses membres et annonce une croissance de sa performance
- L’amélioration de son efficacité opérationnelle permet à la Sacem de se concentrer toujours plus sur l’accompagnement de ses membres et de ses clients.
- Sa stratégie, tournée vers la recherche de la plus juste valeur dans tous ses accords, et la maîtrise contrôlée de ses coûts, alliées à la modernisation de ses outils, se traduisent par une hausse des collectes et des droits répartis pour ses membres, ses mandants et les créateurs du monde entier.
- Dans ce contexte, le Conseil d’administration a voté, à l’unanimité, la prolongation du mandat de Directrice générale-gérante de Cécile Rap-Veber.
Depuis octobre 2021, la Sacem déploie un plan stratégique ambitieux pour construire une société de gestion collective au juste coût, toujours plus proche et solidaire de ses membres et plus innovante.
Après une année 2022 qui a vu le retour à une activité plus régulière post-Covid, ce plan stratégique s’est poursuivi en 2023 dans un environnement contrasté. Le dynamisme du spectacle vivant et de la vie culturelle dans les territoires, la poursuite du développement du numérique et l’affirmation de nouveaux usages (bars à ambiance musicale, salles de sports, fast channels…) ont ouvert de nouvelles opportunités de diffusion de la musique. Cependant, de nombreuses incertitudes continuent de peser sur le secteur, par ailleurs éprouvé par les effets de l’inflation, telles que la difficulté à trouver des modèles économiques viables dans le digital, les impacts potentiels de l'intelligence artificielle sur les métiers de la création ou la fragilisation de l'économie des médias.
L’année 2023 confirme la pertinence de la stratégie engagée par la Sacem autour de 3 axes prioritaires
1. Améliorer son efficacité opérationnelle et mieux maîtriser ses coûts
La Sacem a fait du contrôle de ses coûts l’une de ses priorités et a ainsi encore diminué son ratio charges nettes d’exploitation/collectes pour la deuxième année consécutive (10,76% en 2023 contre 11,65% en 2022), afin de garantir aux créateurs et aux éditeurs la rémunération la plus juste pour l’exploitation de leurs œuvres.
Elle a également poursuivi la modernisation de son fonctionnement afin de renforcer encore son efficience pour ses membres. La mise en place de nombreux outils informatiques a notamment amélioré le traitement des œuvres audiovisuelles ou le dépôt des œuvres domestiques et facilité la gestion des relations avec ses sociétaires. L’entreprise travaille, par ailleurs, activement à l’exploitation de l’IA en interne, afin d’améliorer globalement ses opérations.
Ses efforts lui ont également permis d’accélérer encore en 2023 ses activités de collecte et de répartition au bénéfice de ses membres, qu’il s’agisse des droits généraux – concerts ou sonorisation, ou de l’exploitation des œuvres en streaming sur Apple Music et Spotify – avec une répartition trois mois après le trimestre d’exploitation. Ce sera également le cas de YouTube, pour les contenus musicaux, dès juillet 2024, faisant de la Sacem la société la plus diligente en Europe à reverser les principaux droits online. Ce sont ainsi plus de 458 000 auteurs, compositeurs et éditeurs, partout dans le monde, qui ont été rémunérés par la Sacem, pour l’utilisation de leurs œuvres, dans les meilleurs délais.
Enfin, la Sacem a développé une offre complète de services, avec par exemple la mise en place du portail Mandants ou le développement du service MusicStart (dorénavant également ouvert aux sociétaires), qui dépasse aujourd’hui les 130 000 œuvres protégées, et la simplification constante de ses règles de fonctionnement pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur.
2. Toujours mieux protéger et accompagner les créateurs et les éditeurs
La Sacem reste particulièrement attentive à son rôle d’accompagnement et de protection de ses membres ; c’est dans cet esprit qu’a été créée en 2022 une direction de la protection sociale et de la formation. Cette dernière poursuivra en 2024 le développement de son offre de formation et verra son périmètre et sa position encore renforcés en devenant une direction autonome directement rattachée à la direction générale.
Les créateurs bénéficient également tout au long de leur carrière de l’accompagnement personnalisé de l’action culturelle de la Sacem. Cette dernière propose des aides adaptées à chaque répertoire et aux différentes étapes de la vie des projets ; elle accompagne également des structures culturelles de toutes tailles et pour tous les publics. En 2023, la Sacem a ainsi soutenu 3 657 projets de diffusion et de valorisation de la création et de la musique, en France comme à l’international, pour un montant total de 22,5 M€.
Ce soutien bénéficie des ressources issues de la rémunération pour copie privée qui en plus de représenter la juste contrepartie de la possibilité de copier les œuvres sur les supports numériques, constitue un atout unique pour le financement de la création, de l’émergence et de la diversité culturelles. C’est grâce aux revenus issus de la rémunération pour copie privée que la Sacem a pu, depuis de nombreuses années, accompagner des créateurs de tous horizons, tels que Zaho de Sagazan, Amine Bouhafa, Sofiane Pamart, Vacra, Perturbator ou Clara Ysé, qui accèdent aujourd’hui à une reconnaissance publique. C’est pourquoi la Sacem poursuivra son combat pour défendre ce modèle vertueux de financement et de promotion de la diversité musicale.
La Sacem s’attache également à donner à ses membres les clés pour s’adapter aux évolutions du marché de la musique, telles que l’irruption rapide de l’intelligence artificielle générative. La Sacem a ainsi été la première société de gestion collective à exercer son droit d’opposition (opt out), afin d’être en mesure de négocier des licences avec les IA utilisant son répertoire dans leurs bases d’entraînement. Elle s’est également engagée, en 2023, pour une plus grande transparence des outils d’IA, notamment dans les discussions relatives à l’IA Act européen, et poursuivra dans cette voie en 2024.
3. Innover et ouvrir de nouvelles sources de développement, notamment à l’international
L’activité internationale de la Sacem joue également un rôle essentiel dans son développement. En 2023, ce sont plus de 50 000 sociétaires qui ont bénéficié d’une répartition de droits en provenance de l’étranger (vs 47 000 en 2022). Preuve de l’attrait de son modèle pour des créateurs et éditeurs à l’international, 3 000 nouveaux sociétaires étrangers ont rejoint la Sacem – ils représentent au total 12% de nos membres – contribuant ainsi à la richesse et l’export de notre répertoire. Cette présence à l’international continuera à croître en 2024 grâce à la signature de nouveaux mandats, comme celui conclu avec le groupe Believe sur son activité publishing (Sentric, Tunecore…) au 1er janvier 2024 et sur plus de 150 territoires.
2023 marque une nouvelle année de croissance – mais qui n’efface pas les difficultés de nombreux créateurs
- En 2023, la Sacem a capitalisé sur son expertise historique et l’agilité de son savoir-faire pour maximiser le niveau de ses collectes au profit des ayants droit
Sa capacité à anticiper les évolutions réglementaires, la puissance de ses outils de traitement des données, mais également la qualité des accords conclus avec ses clients, lui ont ainsi permis de collecter des droits d’auteurs sur tous les nouveaux canaux de diffusion et de consolider sa position de leader. En 2023, la Sacem a ainsi atteint un niveau de collecte de droits d’auteurs jamais égalé, à 1 487 M€ (+5% vs 2022).
Preuve du dynamisme du secteur du live, les droits généraux sont en hausse à 388 M€ (soit +18,5% par rapport à 2022), après plusieurs années marquées par la pandémie de Covid, et participent fortement de cette croissance des revenus 2023. Soucieuse d’aider le retour du public dans les salles, la Sacem a accompagné de nombreux organisateurs de manifestations publiques, du café aux plus grands festivals, grâce à des dispositifs dédiés de son action culturelle. Elle a également mis en place des outils plus performants pour ce type de collecte, afin d’offrir une meilleure traçabilité et lisibilité des droits répartis, tout en réduisant encore les délais de répartition en faveur des ayants droit.
Cette performance est, par ailleurs, due en grande partie au numérique – incluant les montants collectés au titre des accords conclus avec des éditeurs internationaux et des OGC étrangères – à 557 M€ (+13% par rapport à 2022). Particulièrement vigilante à la préservation des droits de ses membres dans cet écosystème, la Sacem a renégocié des accords-clés en 2023, avec Apple Music, Spotify ou Deezer, et renouvelé plusieurs contrats de SVOD. Deux nouveaux mandats online multi-territoriaux ont également pris effet en 2023, avec la société hongroise Arti et la société brésilienne UBC.
- Grâce à ce niveau de collecte et à la maîtrise de ses coûts, elle a pu assurer un montant de répartition en nette hausse aux sociétaires, aux mandants et OGC étrangères, tout en défendant un meilleur partage de la valeur
La hausse des collectes de la Sacem, associée à la maîtrise de son compte de gestion, a ainsi permis en 2023 d’affecter aux ayants droit un montant total supérieur à 1 233 M€ (+17% vs 2022). Il sera, en outre, proposé au vote de l’Assemblée générale le 18 juin prochain le versement sur l’année 2024 d’un complément de droits de 37 M€, au titre de l’excédent du compte de gestion de 2023.
Pour autant, ces bons résultats ne doivent pas occulter le travail constant effectué par la Sacem pour lever les freins existants à une meilleure rémunération des créateurs, dont beaucoup sont confrontés à une réelle paupérisation. Celle-ci provient, entre autres, de la très forte diminution de la valeur entre les ventes de supports physiques (CD, DVD…) et le streaming. Le numérique reste en effet encore trop peu rémunérateur pour beaucoup, du fait de la concentration des écoutes sur un nombre restreint d’artistes, alors même que le nombre d’œuvres disponibles ne cesse d’augmenter, ou de la multiplication du nombre d’ayants droit pour une même œuvre. Par ailleurs, malgré des prix demeurés très bas en dépit de l’inflation, le taux de pénétration du streaming payant en France reste trop limité. La Sacem a saisi les pouvoirs publics (gouvernement et Centre national de la musique) de ce sujet et espère travailler avec eux à des solutions permettant une meilleure adhésion, géographique et générationnelle, aux abonnements payants. Elle travaille aussi sur la notion de répartition dénommée « Artist Centric » avec Deezer, la Sacem étant la seule société d’auteurs au monde à avoir effectué une analyse d’impact de ce nouveau modèle sur les droits de ses membres. Elle va également procéder à la même démarche auprès d’autres acteurs du streaming s’orientant dans cette réflexion. Enfin, les collectes sur les canaux de diffusion gratuits, tant les réseaux sociaux tels que TikTok ou Meta que les plateformes de replay des médias privés et publics, demeurent également trop faibles au regard de la croissance des usages. La Sacem continuera à se battre pour que ces canaux, devenus aujourd’hui parfois l’unique fenêtre de diffusion des œuvres, soient plus rémunérateurs.
Préparer l’avenir
C’est dans ce contexte de confirmation de la pertinence de la stratégie menée et de retour rapide à une dynamique de croissance que le Conseil d’administration a fait le choix à l’unanimité de renouveler de manière anticipée le mandat de Directrice générale-gérante, exercé par Cécile Rap-Veber depuis le 21 octobre 2021.
Il lui appartiendra de mettre en œuvre à horizon 2030 les deux axes de la vision stratégique proposée au Conseil d'administration, dans le prolongement du travail mené depuis trois ans : l’efficience pour les membres de la Sacem, l’utilité pour l’ensemble de la société.
Christine Lidon, Présidente du Conseil d’administration de la Sacem :
« En 2023, la Sacem a été plus que jamais fidèle à sa vocation d’être la maison de tous les créateurs et de toutes les esthétiques. Elle s'est mobilisée pour aller chercher toujours plus de valeur pour ses membres et pour les mandants qui lui ont fait confiance et s'est organisée pour accompagner les auteurs, les compositeurs et les éditeurs de musique, en soutenant notamment les plus fragiles et en défendant une conception exigeante du droit d'auteur à laquelle nous sommes tous attachés.
Aujourd’hui, nous sommes convaincus de la capacité de notre société à répondre toujours mieux aux défis de l'avenir et nous sommes heureux de poursuivre cette aventure avec Cécile Rap-Veber en qui nous avons toute confiance pour mener à bien ces évolutions. »
Cécile Rap-Veber, Directrice générale-gérante de la Sacem :
« 2023 a été une année de confirmation dans la mise en œuvre de nos grands axes stratégiques. Nous avons poursuivi notre transformation en Sacem 3.0 et travaillé à gagner en efficience, en assurant la pérennité de notre compte de gestion et en optimisant notre collecte et le montant réparti à nos membres. Au-delà des chiffres, nous avons travaillé pour apporter un accompagnement social et professionnel à nos sociétaires et continué à défendre notre modèle de gestion collective face à nos concurrents et aux bouleversements technologiques.
Mais si la Sacem veut être efficiente pour ses membres elle veut aussi être utile pour tous, pour ses clients, ses partenaires, pour tous ceux qui font de la musique ou qui l’aiment, tout simplement. Plus que jamais, l’utilité de la Sacem prend tout son sens dans une société en proie aux fractures, générationnelle, sociale et territoriale : en permettant la création et la diffusion de la musique auprès de tous les publics, partout en France, elle contribue à créer du lien social.
Nous nous projetons maintenant vers l'avenir dans un contexte où les grandes mutations qui ont marqué 2023 vont se prolonger, que ce soit le développement de l'intelligence artificielle ou l'apparition de nouveaux acteurs. Dans ce paysage où les défis sont immenses, nous poursuivrons notre évolution pour renforcer notre capacité d'innovation et pour demeurer le leader incontestable de la gestion collective des droits d'auteurs et de la protection de la création au service de tous.
Dans cette optique, je remercie chaleureusement le Conseil d’administration de sa confiance. J'y vois un encouragement à continuer à travailler, avec tous les membres du Conseil, avec David El Sayegh, Directeur général adjoint, et avec toutes les équipes de la Sacem pour mettre en œuvre notre stratégie commune au service des sociétaires, de la création et de la société civile. »
ANNEXES
2023 en chiffres :
- 1 487 M€ de collecte (+5% vs 2022) dont notamment :
- 557 M€ pour le online (+13% vs 2022) ;
- 318 M€ pour la TV/Radio/opérateurs (-4% vs 2022) ;
- 388 M€ pour les droits généraux (+18,5% vs 2022).
- 458 000 auteurs, compositeurs et éditeursdans le monde, rémunérés pour la diffusion de leurs œuvres.
- 1 233 M€ de montants affectés (+17% vs 2022) aux créateurs, éditeurs de musiques et mandants de la Sacem à travers le monde.
- Un ratio charges nettes d’exploitation/collectes de 10,76%, en baisse de 0,89 point par rapport à 2022 ; il s’agit du taux le plus bas jamais atteint qui illustre la hausse globale de productivité de la Sacem et la maîtrise des coûts. Ces charges sont dites « nettes », car diminuées des produits financiers qui ne constituent pas, par nature, des droits d’auteurs. Ce ratio représente ainsi la part de droits collectés affectée aux coûts de fonctionnement de l’entreprise.
- Plus de 13 870 nouveaux membres à travers le monde, dont 28% ont moins de 25 ans, ont rejoint la Sacem qui dépasse ainsi la barre des 224 470 membres.
- Plus de 3 657 projets accompagnés par l’action culturelle cette année pour un montant de 22,5 M€ essentiellement grâce aux 25 % issus de la rémunération pour copie privée.
- 458 000 milliards d’actes de streaming et de téléchargements traités en 2023.