Hommage à France Gall

C'est avec tristesse que la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique vient d'apprendre la disparition de France Gall.

Sa voix, son talent, son énergie ont fait d'elle une artiste incontournable du 20e siècle, incarnant tout un pan de notre patrimoine de la chanson francophone.

La dernière fois qu’elle a chanté sur une scène, c’était à l’orée des années 2000, à l’Olympia, aux côtés de Johnny Hallyday pour interpréter en duo "Quelque chose de Tennessee". Depuis 1997, France Gall avait décidé de mettre fin à sa carrière d’interprète. Une carrière qui l’a vu collaborer avec les plus grands auteurs, compositeurs et arrangeurs.







​@ Pierre Terrasson / Dalle

Lorsqu’elle est apparue, un jour de 1963, avec un premier succès intitulé "Ne sois pas si bête", l’Hexagone a vite adopté cette jolie France, aux mèches blondes et à la voix mutine, née Isabelle d’un papa, Robert Gall, auteur entre autres de "La Mamma" et qui d'ailleurs lui écrira "Sacré Charlemagne". Devenue égérie des sixties, quelque part entre Françoise et Sylvie, elle aurait pu se contenter, comme tant d'autres, d’adapter en français les succès anglo-saxons.
 
Serge Gainsbourg lui façonnera un personnage de French Lolita faussement naïve, qui lui permettra de remporter le Grand Prix de l’Eurovision en 1965. Entre cire et son, mais nullement poupée, elle se verra aussi servie par des auteurs renommés comme Pierre Delanoë, Frank Thomas, Jean-Michel Rivat, Jacques Lanzmann, Boris Bergman, Etienne Roda-Gil et même des compositeurs renommés comme Julien Clerc et Joe Dassin. Et travaillera avec la crème des arrangeurs, d’Alain Goraguer à David Whitaker, en passant par Georgio Moroder.

C’est sa rencontre avec Michel Berger, dès 1973, qui bouleversera sa vie et sa carrière. Inaugurée par l’éloquente chanson "La Déclaration d’amour", leur collaboration verra naître une nouvelle France Gall, entre travail et famille mais tout pour la musique, auréolée de sept albums studio et d’une multitude de succès depuis longtemps familiers : "Comment lui dire", "Il jouait du piano debout", "Débranche", "Besoin d’amour", "Si maman si", "Hong Kong star", "Diego libre dans sa tête", "Babacar", "Cézanne peint", "Évidemment" (en hommage à Daniel Balavoine), ou "Ella elle l’a". A l’époque, ça balance pas mal à Paris, surtout à la mairie du 16ème arrondissement où elle épouse son compagnon et pygmalion un jour d’été 76.
 
L’héroïne de la comédie musicale Starmania est aussi une star militante, pour des associations humanitaires comme Chanteurs sans frontières, Action Écoles, Droit de Cité ou Coeur de femmes. La mort prématurée de Michel Berger en 1992, puis celle de leur fille Pauline, cinq ans après, et des problèmes de santé, l’éloigneront peu à peu des scènes et des studios. Vivant une partie de l’année au Sénégal, elle réapparaîtra pourtant en 2015, pour la conception, en collaboration avec Bruck Dawit, de la comédie musicale Résiste, adaptée de ses chansons écrites par Michel Berger et présentée au Palais des Sports de Paris à partir du mois de novembre.

"Résiste", plus qu’une chanson incantatoire, une véritable devise. Au cours de sa vie et de sa carrière, France Gall aura résisté à tout : la marche du temps, la valse des modes, comme les tragédies personnelles. En 2001, à l’occasion d’un portrait télévisé, elle disait : "Qu’il reste quelque chose de moi m’indiffère. Je ne suis pas comme ces personnalités politiques qui éprouvent le besoin de faire bâtir un monument afin de laisser une trace tangible de leur passage : moi, je ne construis que ma
vie…"
La petite Lolita était aussi une grande dame.