Rapport Roch-olivier Maistre : des recommandations encourageantes pour une meilleure reconnaissance de la musique
En dessinant un diagnostic clairvoyant de la situation de la musique en France, de ses évolutions, de ses forces mais aussi de ses faiblesses, ce rapport souligne l’importance de donner à la filière musicale toute sa place au cœur des politiques publiques.
Dynamique et innovante, la filière musicale est paradoxalement le parent pauvre de nos politiques culturelles. C’est pourquoi, la Sacem se réjouit que soit exprimée, au cœur de ce rapport, la volonté de renforcer la position de la musique au sein même du ministère de la Culture, via la réaffirmation du rôle stratégique et prescripteur de l’Etat et la nomination d’un « visage unique » dédié à la politique musicale.
La création d’un établissement public dédié à la musique et qui pourrait s’appeler « Centre national de la musique », prend en considération le profond renouvellement du secteur musical et les enjeux auxquels il doit aujourd’hui faire face. Ce nouvel opérateur public permettra de réunir les différents acteurs de la filière musicale, dans leurs différences, représentant toutes les esthétiques, afin qu’ils puissent exprimer d’une seule voix leurs positions et leurs besoins, auprès des instances nationales et européennes.
Cinq grandes missions d’intérêt général sont attribuées au centre national de la musique :
- Observation via l’Observatoire de la musique, mis en place par la loi Liberté, Architecture et Patrimoine de juillet 2016. En engageant chaque acteur de la filière à fournir des données précises, il permettra d’avoir une vision globale et fiable de l’écosystème.
- Information via notamment l’intégration du Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles (Irma) et le développement d’une plateforme numérique de référence.
- Formation qui représente un enjeu majeur pour les créateurs notamment. La professionnalisation figure au cœur des missions de ce centre qui devrait permettre une dynamisation et un élargissement des offres de formation initiales et continues.
- Développement international via un soutien aux politiques d’export de la musique.
- Soutien à travers notamment l’attribution d’aides automatiques, le déploiement d’aides sélectives et l’appui à des projets territoriaux.
La Sacem se réjouit de voir l’éducation artistique et culturelle figurer parmi les quatre grands axes de soutien, cités au sein de ce rapport. Elle tient également à saluer l’engagement pris en faveur de l’aide à l’export de la musique. Le rayonnement international des artistes français, et tout particulièrement des auteurs et compositeurs membres de la Sacem, est sans précédent. Le soutien de l’Etat à l’activité du Bureau Export est fondamental pour la diffusion de nos répertoires à l’étranger. A cet égard l'amendement renforçant les moyens du Bureau Export, adopté à l'unanimité de l'Assemblée nationale cette semaine, constitue une étape importante.
Si la Sacem ne peut que se réjouir des recommandations émises par Roch-Olivier Maistre, elle veillera à ce que ce Centre national ne soit pas seulement guidé par une approche économique, mais qu’il soit aussi conçu comme un instrument stratégique de défense de la diversité culturelle et doté de réels moyens.
La Sacem demeurera particulièrement attentive à la place qui sera accordée à la chanson française et à la promotion de la création francophone. Il est essentiel qu’elle soit au cœur des préoccupations d’une maison commune de la musique.
Par ailleurs, malgré l’essor des revenus du streaming et la forte capacité d’innovation du secteur, la Sacem souhaite alerter les pouvoirs publics sur le phénomène de paupérisation qui touche directement les créateurs et éditeurs de musique. Les crédits d’impôt ont amélioré les comptes de résultats des producteurs, sans se substituer aux chiffres d’affaires perdus sur ces marchés. Les auteurs, compositeurs et éditeurs ont ainsi perdu 45% de revenus sur le marché de la musique enregistrée et voient leur base de collecte rétrécir aussi dans le champ du spectacle vivant. A cet égard, la Sacem appelle de ses vœux un crédit d’impôt dédié aux éditeurs. Maillons essentiels de la chaîne créative souvent méconnus, les éditeurs jouent un rôle clé dans l’investissement dans la création, aux côtés des auteurs et des compositeurs, en amont de tout le processus artistique.
« Le projet d’un Centre national de la musique est une idée ancienne, qui a connu des rendez-vous manqués. Nous espérons que ce projet d’établissement public, tel qu’il est aujourd’hui esquissé par le rapport de Roch-Olivier Maistre, concrétisera une opportunité historique pour le secteur de la musique en France, dans sa belle diversité. » Jean-Claude Petit, Compositeur, Chef d’orchestre, Président du Conseil d’administration de la Sacem